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Un mystère qui n'en est pas un.



Venus du paléolithique.

A l'approche du 8 Mars : Journée internationale des DROITS des femmes, souvent transformée par les publicitaires ou les politiques locales en manques d'évènementiels par : "journée de la femme" où la sensibilisation sur la condition féminine, excision, salaire, droit à l'IVG... se transforme en "offrez lui des fleurs" ou "une culotte achetée, un soutif offert". Parce que bon c'est vrai que nous nous intéressons qu'à notre parure ! Et qu'il apparaîtrait bien sûr que nous ne pouvons pas, à l'image de la grande Hedy Lamarr jongler entre l'amour de notre corps ET des sujets plus profonds, plus scientifiques ! Je voudrais tout de même parler de ce corps justement. Mais loin des sujets de coquetterie qu'Yves Rocher ou que certains pontes accrochés à leur pouvoir voudraient nous coltiner à longueur de temps : Beaucoup de choses se disent sur nos corps depuis l'antiquité sans que nous voyions beaucoup de trace écrites sur ces questions venant de la main de femmes, nous sommes pourtant les premières concernées, non ?

Tant de choses, tant de paroles et d'actes ! Tant de débats, tant de questions, tant de suppositions… Mais toujours venant d'hommes qui parlent entre eux, nous disent à notre place ce que nous sommes, nous font subir leurs erreurs à notre sujet comme Freud et son mépris du clitoris. Tient, d'ailleurs, clitoris ! Un gros mot qui fait naître encore plus de débats… Est-ce que les mots, pénis, phallus ou bourses font autant de débats ?? Est-ce qu'on voit des femmes, philosophes, politiciennes, doctoresses, voir prêtresses s'asseoir entres-elles pour parler à la place des hommes de leurs pannes, ruptures de freins ou la taille et l'épaisseur de leurs barbes ? Est-ce qu'on voit des femmes intellectuelles se réunir pour débattre des poils pubiens masculins à travers l'histoire, à l'image de ce cher Pan évoluant en diable. (y aurait matière.. après tout il y a bien ce genre de choses sur la Vénus du Paléolithique, par rapport à notre vision actuelle). Avons-nous déjà vu Élise Lucet, invitant Marina Carrère et Roselin Bachelot pour parler de la calvitie masculine ou du mystère des barbes qui roussissent ?

Apprendre à nous écouter au lieux de parler à notre place.

Vous parlez du mystère de nos corps, mais en fait il n'y a pas de mystère ! Tout ce que vous avez à faire c'est de nous écouter au lieu de nous paternaliser ! Il est comme le vôtre : une enveloppe de chaire, de sang et d'os abritant notre âme et notre esprit. Comme le vôtre il a besoin de jouissances charnelles, gastronomiques, musicales. Comme le vôtre, il a le droit et surtout le besoin au respect… et quand je parle du respect du corps, je ne parle pas du pourcentage de chaire montré (qui change selon les cultures, époques et même individu), quand je dis respect de son corps je ne parle pas non plus du fait d'en jouir le moins possible. Je parle de respecter sa sensibilité, ses limites et ses besoins physiques. Ne pas l'obliger à subir ce que d'autres voudraient lui faire faire, ne pas céder aux injonctions des autres pour leur faire plaisir alors que votre corps refuse ou au contraire réclame. Je parle aussi de respecter le/ la propriétaire du corps, d'écouter ce qu'iel dit à son sujet et non d'inventer à sa place des hypothèses plus ou moins farfelues. C'est ça pour moi, respecter le corps !


Pourtant, ce que notre culture nous ordonne de faire est le contraire : « ne pas écouter notre corps, aller au-delà et accepter de le torturer pour le plaisir d'autrui afin de réussir », mais réussir quoi ? Voilà ce à quoi nous sommes éduqué dès l'enfance. Oh je vous arrête, je ne parle pas de performances sportives qui sont quelques choses que l'on fait volontairement parce que ça nous fait du bien. Je parle de toutes ces injonctions « souffrir pour être belle », « attention à ta musculature, trop c'est moche », « épile-toi » ! Soit nous sommes « moches » et nous devrions faire des efforts soit nous sommes « belles », mais faudra pas qu'on se plaigne si ça nous attire des ennuis.D'ailleurs en parlant de s'attirer des ennuis sur notre physique. C'est quand même dingue la mémoire courte des hommes et de certaines femmes. Ah chaque fois qu'une histoire d'agression ce fait on reproche à la victime son manque de réaction (Tétanisation, sidération, dissociation... bref le cerveau qui fait des siennes ça ne parle à personne bien sûr ?), puis on lui reproche son silence (en même tant, comment voulait vous qu'elle parle, si elle sait qu'on va lui dire que « oui, mais … » ?)


Illustration : Campagne contre le slut-shamming, par des étudiants d'Hambourg.

Et puis toujours de cette honte sur nos corps. Je repense au témoignage de l'actrice Florence Darel qui parlait de l'accusation d'être séduisante. On a des seins et des fesses oui et alors ? Quand vous avez des moules bites ou que des beaux gosses ont des T-shirts qui mettent en valeur leurs plaques de chocolat on ne dit rien ! Nos seins sont avant tout pour l'éventualité de notre maternité, nos fesses nous permettent de ne pas avoir d'escarre quand on s'assoit plusieurs heures. D'ailleurs pour info vous aussi vous en possédez, plus ou moins bien rebondi. Nous aussi on mate. Sinon c'est quoi cet autre argument "oui, mais vous les montrez, ce n'est pas pour rien ". Non, mais vous pensez que l'on s'habille uniquement pour le regard des hommes et que l'on a que ça en tête ? Et l'envie de sentir les éléments naturels sur nous ça ne parle à personne ? Le soleil, le vent directement sur la peau… et quand bien même ! Juste l'envie de s'habiller de telle ou telle façon, juste parce qu'on a envie, qu'on aime, qu'on se sent bien dedans ! Encore une fois, est-ce qu'on voit des femmes de diverses professions (on va dire flics là) débattent sur le côté provocant d'une chemise homme qui nous donnerait envie de la déboutonner ou d'un pantalon qui moule bien les fesses d'hommes nous donnant l'envie d'y mettre la main ? Nous aussi nous avons des hormones.

Je montre ma peau parce que je l'ai décidé (ou que je crève de chaud), je la cache parce que je l'ai décidé (ou que j'ai trop froid). J'aime le sexe et j'assume ma sexualité ! Je sais donc que pour les agressions à ce sujet, je serais peu défendue…parce qu'il y a une espèce de loi non-dite et non écrite selon laquelle quand on aime ça (homme ou femme) on ne peut pas refuser. Mais je ne dis pas que je ne me défendrais pas ! Il parait se battre pour quelque chose d'aussi léger que le droit d'avoir sa sexualité c'est "contre-productif" et que "ça détruit le féminisme" ? Dites-moi ; si c’était un sujet aussi léger pourquoi est ce qu'autant de femmes se font insulter pour aimer le sexe ? Pourquoi est-ce que dans certains pays une femme qui à aimer un homme reçoit de l'acide, risque d'être condamné au viol collectif ou se faire assassiner (histoire de lui rappeler que son corps n'est pas à elle) ? Quelque chose qui prête à tant de violence ne peut pas être un combat "léger". Je suis gourmande, j'aime le gras, la raclette, le risotto et les ficelles picardes, j'ai la chance de ne pas grossir, mais je dois tout de même subir les réflexions sur « fais attention quand même ».J'aime le sport, bouger, courir et j'ai toujours envie de faire bouffer mes baskets à toutes personnes qui me sortent « non, mais fait gaffe à tes mollets quand même, trop de muscles ce n'est pas top, pour une femme»… sinon, je vis avec des problèmes aux chevilles et aux hanches, ça semble moins important pour les mêmes personnes.


Pour finir :

Je suis une femme et je ne suis pas une énigme, un être étrange à décortiquer. Je ne suis pas non plus un alibi montré quand on en a besoin. Je ne suis pas un faire-valoir pour cacher votre impuissance, je ne suis pas un leurre à utiliser pour changer de sujet. Mes agressions subit sont des agressions il n'y a pas de trie à faire selon la période politique, qui me l'a fait subir et son compte en banque. Je suis une personne faisant partie de la moitié de l'humanité et voulant être reconnu comme partie intégrante de cette humanité. Ni plus ni moins… Juste humaine.

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